#GenerationEgalité. Le Sport reflet de la société
La journée du 8 mars donne cette année un message fort aux nouvelles générations « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes ». L’actualité brûlante nous a montré à quel point l’engagement était au cœur de notre nouvelle génération et de l’importance de ne plus taire les choses, certains y ont vu un basculement trop radical et une absence de dialogue face à une nécessité « Désormais on se lève et on se barre ». Et pourtant il s’agit aujourd’hui bien de marquer les esprits pour enfin faire bouger les lignes.
Le combat pour les droits des femmes est un long chemin où rien n’est ancré dans le marbre. Et il a fallu le courage et la ténacité de certaines pionnières pour que petit à petit les choses avancent. Le sport a d’ailleurs été un excellent reflet des avancées sociales.
Prenons l’exemple des JO.
En 1900, 22 femmes étaient présentes aux JO mais cantonnées à certaines disciplines : golf et de tennis sont organisés et quelques femmes participent à des épreuves mixtes en voile, en croquet et en équitation. C’est grâce à l’action d’Alice Milliat que les Femmes prennent une part plus large aux Jeux Olympiques. Présidente du club Fémina Sport en 1915, elle fait partie des fondatrices de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France en 1917. Elle demande en 1919 au Comité International Olympique (CIO) d’inclure des épreuves féminines d’athlétisme lors des Jeux olympiques suivants. Toutefois, sa demande est refusée.
Elle décida alors de fonder la Fédération sportive féminine internationale (FSFI), le 21 mars 1921 et de créer les premiers jeux mondiaux féminins dont la première édition a lieu en 1922 à Paris. Le succès de la seconde édition organisée en Suède en 1926 est tel que le CIO autorise enfin les femmes à participer à des épreuves officielles lors des Jeux Olympiques de 1928 à Amsterdam. Mais dans ce contexte le conservatisme ne les laisse toutefois pas tranquille … Pierre de Coubertin dira en1928 : « Quant à la participation des femmes aux Jeux, j’y demeure hostile. C’est contre mon gré qu’elles ont été admises à un nombre grandissant d’épreuves. ». Aujourd’hui, une fondation à son nom, la fondation Alice Milliat, continue de promouvoir, financer et améliorer la médiatisation des pratiques féminines sportives en Europe.
En 2020, pour la première fois, l’objectif de la parité a été fixé, avec 48,8% de femmes participantes, et des porte-drapeaux composés d’un homme et une femme lors de la cérémonie d’ouverture.
Dans le Foot, la parité est loin d’être respectée et nous sommes bien en retard en France. Si on ne devait retenir qu’un chiffre, c’est celui-ci : 96%, c’est l’écart salarial entre les hommes et les femmes dans le monde du foot. En Ligue 1, alors que les hommes touchent en moyenne 108 000 € par mois, les femmes, elles, perçoivent en moyenne, 2400 € mensuels et environ la moitié des joueuses n’ont qu’un contrat semi-professionnel. Pour expliquer cet écart, il faut notamment se replonger dans l’histoire du football féminin, plus de 40 ans d’interdiction de jouer au foot, un sport soit-disant impropre aux femmes, qui a longtemps cloisonné ce sport dans le bastion masculin. Le défi est là pour combler ce gap, mais la dernière coupe du Monde nous montre que les choses bougent. À nous de marquer les esprits et de faire bouger les lignes, à l’exemple des espagnoles, des australiennes ou encore des américaines !
Petit tour du monde des dernières avancées en termes d’égalité et d’avancées dans le foot :
—AUSTRALIE :
Suite à un accord signé avec la fédération de football australienne, les femmes percevront durant 4 ans un salaire similaire à celui des hommes.
Un acte qui témoigne du respect et de la reconnaissance de la fédération australienne vis-à-vis des femmes dans le monde du football et de leur parcours professionnel.
— ESPAGNE :
Après de longues négociations (soit 1 an et demi, et une grève générale de l’équipe qui a duré plusieurs semaines), les joueuses de la D1 espagnoles ont réussi à définir une convention collective leur permettant d’améliorer leurs vies de footballeuses professionnelles. Que ce soit pour les congés payés, congés maternités et salaire minimum, ces femmes ont désormais le droit à plusieurs garanties, restant toutefois à des années lumières de leurs homologues masculins.
— USA :
La lutte pour l’égalité des salaires est devenue le fer de lance de la sélection féminine américaine. En effet, elles ont attaqué la Fédération pour « discrimination institutionnelle liée au genre » dans le versement des primes et les conditions de travail. Dans ce procès pour attaquer et dénoncer l’inégalité des salaires à laquelle elles sont victimes depuis la création de la fédération féminine, la note s’élève à plus de €61m de dommages et intérêts. Rendez-vous le 5 mai pour connaître la suite de ce combat !
—Pourquoi le football (ou soccer) est-il si populaire ?
Le football féminin aux États-Unis doit sa côte de popularité à une loi mis en place en 1972. Elle indique l’interdiction à toutes formes de discriminations dans le sport et oblige toutes les écoles à financer de façon égalitaire le sport masculin et féminin. Les garçons ayant déjà une grande place dans le football américain et le basket, les filles ont ainsi préféré faire leur propre place dans le soccer.
— Grande – Bretagne
Certaines initiatives fleurissent en Grande Bretagne, en ce qui concerne l’égalité hommes & femmes. Depuis le 12 juillet 2017, les femmes du club anglais Lewes Fc rebaptisé Equality FC, ont obtenu le droit de recevoir le même salaire et d’avoir les mêmes conditions de travail que les hommes.
Mais ce n’est pas tout, cet accord conclu ne sera pas l’unique changement que le club veut faire. Lewes FC a un but précis : révolutionner le football féminin dans le pays, en utilisant différents moyens. Par exemple, en s’éloignant de la ligue de football féminin anglaise « Premiership » qui connait d’énormes difficultés financières et qui instaure des contraintes créant des inégalités entre les différents clubs du championnat.
Affaire à suivre !
— Inde
Dans ce pays où l’équipe de football reste peu connue à l’échelle internationale, l’organisation de la coupe du monde des U-17 a suscité beaucoup d’intérêts et de vocations, et a donné envie au pays de développer le football féminin. Par la création de championnats et de clubs performants, en recherchant des joueuses et entraîneurs pour pousser les fédérations et autres organisations à soutenir ce projet et donner envie aux femmes de vouloir faire du football leur métier. Un des piliers a été la création en 2018 de l’IWL (Indian Women’s League) permettant de bâtir un lien fondamental au niveau local.
— Arabie saoudite
Un tournant historique ? En 2020, le royaume saoudien crée son premier championnat féminin.
Un message positif et historique envoyé, dans un pays, où toutefois la liberté et les droits des femmes sont encore restreints. La femme reste aujourd’hui encore considérée comme « mineure », sous la tutelle d’un «gardien», père, mari ou fils, et ne peut effectuer de démarches administratives sans l’autorisation de son mari.
Depuis janvier 2018, les Saoudiennes peuvent assister aux matchs de sports … dans des tribunes séparées.
— Rwanda :
Le Rwanda fait aujourd’hui figure d’exemple en termes de parité hommes/femmes, l’intégration politique des femmes, est très forte dans ce pays où 61% des députés et 47% des ministres sont des femmes.
Après le génocide des Tsutsis en 1994, qui a fait un million de morts et près de 800 000 femmes veuves, le Rwanda a adopté une série de lois visant à favoriser concrètement la parité.
Le sport et en particulier le football, est par ailleurs devenu pour de nombreuses femmes, un levier qui a permis aux femmes de s’émanciper et surtout de permettre, d’aller de l’avant, de se reconstruire. Cette initiative a été portée par Félicité Rwemarika, membre du comité olympique, fondatrice et présidente de l’Association des femmes sportives de Kigali et présidente, de la commission du football féminin de la Fédération rwandaise de football.
Si vous souhaitez en savoir plus je vous conseille de regarder le documentaire Femmes du Rwanda de Sonia Rolland, Jacques-Olivier Benesse produit par Somad Production.
Article rédigé par Claire Allard, co-fondatrice d’ALKÉ , avec l’aide de Yacine Sene.
Pourquoi cet article ? En 2019, avec deux associées, Laura et Barbara, nous avons fondé ALKÉ, la marque de Foot made in Europe pour les Femmes aiment la mode, militant pour le droit de jouer pour toutes.
Notre volonté à travers cette marque ? Changer les regards sur les Femmes dans le Football, et plus généralement dans le Sport, grâce à la Mode, et se servir du Football comme levier d’émancipation. Encore beaucoup de freins sont à lever pour les femmes dans le football, sport universel et démocratique qui reste pourtant encore l’apanage des hommes.
Prendre part à la journée du 8 mars est ainsi un moyen de revendiquer la place des Femmes, que ce soit dans le sport mais également dans la société, faire tomber les frontières entre les terrains de jeux masculins et féminins.
Crédit photo : Christophe Berlet