Les actions à dividendes : attention danger ! (la stratégie des noobs)

Bonjour, Je m’appelle Pierre, et cet article est consacré à l’investissement dans des actions à dividendes, dans le cadre d’un PEA, par exemple. Nous allons tout d’abord aborder les risques liés à la mise en place d’une stratégie d’achat actions basée sur le rendement des dividendes, puis nous verrons quelques conseils de bon sens, avant d’investir.

Effectivement, lorsque je navigue sur Youtube ou Twitter, je vois de nombreuses vidéos « le Top 10 des actions à plus fort dividendes », « les actions pour une rente à vie » ou encore « Les 5 actions à valeur de rendement au-delà de 8% par an ». Néanmoins, et sur un plan technique, ces vidéos peuvent vous donner des mauvais conseils de placements financer (avec même être en réalité vous faire avoir des rendements nets négatifs) et nous allons en voir les raisons techniques, mais on va rappeler tout d’abord son fonctionnement :

Le dividende est la part du bénéfice net distribuée aux actionnaires. Il peut être payé en « cash » via un virement (ou en actions nouvelles). Pour le toucher, il faut être propriétaire de l’action le soir du détachement du coupon, et son montant est versé sur votre compte-titre.

Maintenant, voici les raisons pour lequel il ne peut être un critère unique dans le choix d’une action où investir :

1. L’aspect psychologique

Une des fausses croyances répandues est qu’il va permettre l’actionnaire de s’enrichir, voir de devenir rentier, s’il arrive à acquérir suffisamment d’action. C’est le rêve d’un investissement passif, où l’on touche de l’argent, de manière continue, avec le fruit de son capital. La réalité n’est pas aussi affirmative.

2.Les dividendes n’ont pas d’impact sur la valeur du patrimoine d’un actionnaire

Cela a été théorisé par deux Prix Nobel d’économie (Modigliani & Miller), qui ont démontré que verser un dividende, ou conserver le cash dans l’entreprise (et faire croitre la valeur de l’action) est un jeu à somme nulle ai niveau du patrimoine de l’actionnaire.

3.Les investisseurs confondent Performance et Dividendes

Se baser uniquement sur les dividendes pour une prise de décision, c’est la stratégie des « noobs / débutants », et c’est d’ailleurs que font tous les investisseurs amateurs, lorsqu’ils commencent.

Un investisseur doit regarder évaluer la performance boursière d’une entreprise sur la base de l’évolution moyenne de son cours, incluant la performance boursière de l’entreprise par action, des dividendes rachteés, des éventuels rachats d’action ou de split (division d’actions) réalisé par l’entreprise.

Par exemple, une entreprise peut verser un dividende de 5%, mais si son cours de bourse diminue de 10% en un an, l’actionnaire aura perdu 5% sur son patrimoine, en une année, alors que la promesse affichée semblait intéressante. Ainsi, votre patrimoine peut se déprécier plus rapidement que le montant des dividendes versées.

4.Les dividendes concernent plutôt les entreprises à un busines matures.

En règle générale, une entreprise qui verse de forts-dividendes sont en majorité les entreprises qui investissent le moins (en % de leurs CA), et sont plutôt des entreprises à faibles croissances (en %), car elles n’ont justement pas besoin de ce cash pour croissance à financer (bien qu’il existe des contre-exemples). 

Ainsi, une entreprise qui verse des dividendes est une entreprise qui a peu d’idées sur des bons investissements à réaliser, et qui pourraient accroitre en conséquence l’action de l’entreprise.

5. Certaines entreprises s’endettent pour verser des dividendes

Et pire encore, il existe des entreprises qui s’endettent afin d’être en mesure de les payer des dividendes à leurs actions actionnaires, afin notamment de soutenir le cours de bourse. C’est notamment le cas dans les foncières immobilières, comme Unibail ou Klepierre, qui sont des entreprises très endettées. Ainsi, cet endettement spécifique pour payer rétribuer les actionnaires fait porter un poids financier supplémentaire à l’entreprise, via les intérêts, ce qui peut in fine limiter les marges de manœuvre de l’entreprise, et impacter négativement sa performance économique.

6.Le risque du dividende smoothing

C’est le cas d’entreprises qui souhaitent garder un dividende stable (sans jamais baisser) afin de garder les faveurs de particuliers & fonds qui ont cette stratégie d’achat. Ainsi, quelque soit la situation économique, elles vont chercher piocher dans leurs actifs (ou augmenter leur passif), afin d’être en mesure de financer un dividende stable, qui soutiendra le cours de l’action.

Il faut savoir que les PDG  et Top Management des entreprises sont rémunérés souvent en stock-option ou actions gratuites, et qu’ils ont des intérêts personnels financiers à soutenir des cours de bourse (et aussi pour ne pas subir une révolte des actionnaires), quitte à mettre l’entreprise en péril.

7. Le montant du coupon peut évoluer

Il est déjà arrivé (exemple lors de la crise COVID) que des entreprises décident d’annuler quelques semaines avant le versement d’un coupon. Il n’est pas garanti, et d’ailleurs, il peut être décroissant en valeur à travers les années (exemple société générale qui est passé de 2.20 à 0.55 en deux ans).

Pour terminer, quelques conseils :

Voilà, on a vu que le dividende a un aspect psychologique non-négligeable, voici quelques conseils pour ne pas laisser votre cerveau se faire avoir par l’appât du gain :

1.Regardez la droite de régression linéaire de l’entreprise auxquelles vous souhaitez acheter des actions, et si possible, avec un historique d’au moins 15 ans. Si l’évolution de la droite de régression linéaire est négative, c’est qu’il y a très probablement une perte de valeur pour les actionnaires, et même si celle-ci verse des dividendes, mon conseil serait de fuir l’action.

2.Il ne faut pas utiliser les dividendes comme un outil de cash-Flow pour son compte en banque, et si votre objectif est de récupérer peu à peu votre investissement, vous pouvez très bien vendre chaque année quelques actions de l’entreprise, et ainsi récupérer un petit montant de votre investissement, sans avoir à viser une action à dividende.

3.N’achetez pas une action car le versement du coupon arrive à échéance avec l’espoir de revendre l’action dans la foulée. Effectivement, le marché « price » l’échéance du Coupon, et si votre action vers 1h de dividendes à la clôture, l’action ouvrira avec 1 euros le mois à l’ouverture le lendemain.

4. Et enfin, le rachat d’action peut-être une meilleure alternative. Effectivement, si une entreprise vous verse un dividende, et dans le cadre d’un compte-titre, vous aller devoir vous acquitter d’impôts sur le montant du coupon, tandis que si une entreprise achètent pour le même montant des actions, qu’elle annule ensuite, la valeur de l’action augmentera en conséquence, et il y a aura une plus-value latente, non imposable tant que vous ne vendez pas le titre.

Finalement, et sur le même montant investi, l’investisseur est d’ailleurs moins taxé fiscalement, et sur des années, cela lui permettrait statistiquement d’obtenir un plus gros capital. C’est d’ailleurs pourquoi les entreprises côtés ont autant développé ce mode de rémunération auprès des actionnaires… en remplacement parfois des dividendes.

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